QUI est Mireille ?
Mireille POULAIN-GIORGI est née en 1948, à Villerupt. C’est dans cet ancien fief sidérurgique que ses quatre grands-parents italiens sont venus travailler en 1920.
Après 38 ans d’enseignement dans cette ville, elle se plaît à écrire coups de cœur, coups de blues, coups de griffes, coups d’épée dans l’eau, coups de fatigue, coups de théâtre, coups pour rien, coups de maître, coups de chapeau… La vie, quoi !
Prof à Villerupt, a été salué par Régis Debray,
Ecco la donna, préfacé par Cavanna, a obtenu le Prix Georges Navel. Au bonheur des poules – Histoires pour grands-mères sages, celui du livre féminin à Hagondange.
Avec Les dessous des femmes, elle a tricoté une intrigue sur fond de mai 68. Avec Vous serez des hommes mes petits-fils, – remarqué par Michelle Perrot -, elle tente d’approcher le mystère de la domination masculine.
Le mot est lâché. Mireille POULAIN-GIORGI se dit féministe plan-plan en charentaises. Toute son écriture en est imprégnée. Elle tente de ne jamais oublier ce qu’Annie Ernaux lui a écrit dans un courrier privé : « Eh oui, les hommes ont tendance à prendre encore toute la lumière dans nos inconscients et il faut lutter pour que viennent d’autres références.
QUI respire sous les mots ?
L’autrice s’est bien volontiers soumise à un interrogatoire en règle olniesque.
Carnet papier ou ordinateur ? Timide main à crayon et gomme il y a 35 ans. Deux insolentes mains sur le clavier aujourd’hui. Caresse-t-on mieux des deux mains ?
Spirale ou agrafe ? Les deux. Rondeurs et courbes féminines à l’infini pour l’épaisseur. Froideur et raideur de l’acier galvanisé pour l’incisif.
Brouillon conservé ou jeté ? Les deux, car ma vie entière est un brouillon. « Dissonance cognitive » dit l’Université.
À table ou en marchant ? Assise. Je suis loin, loin, des péripatéticiens… Et des péripatéticiennes, d’ailleurs.
Matin, soir ou nuit ? Le matin. Puis chantier ouvert toute la journée. Jamais, au grand jamais, le soir ou la nuit.
Pourquoi écrire ? Comme le tournesol, je me tourne vers l’écriture, pour trouver la lumière.
Pour qui écrire ? Pour l’enfant qui apprend à lire et pour l’analphabète qui ne sait pas lire.
Qui est votre lecteur ? Une lectrice.
Écrire, est-ce se mentir à soi-même ou aux autres ? Question étrange ! Et si on écrivait pour débusquer le mensonge ?
Êtes-vous une bonne menteuse ? Excellente menteuse par omission. Mention « très bien » dans la manipulation de l’ironie. Sans mentir, je déteste le mensonge.
Le mot qui vous touche ? Mercipardons’ilteplaîtjet’aime.
Une expression idiomatique qui pourrait vous synthétiser ? Féministe plan-plan à charentaises.
S’il fallait un dernier mot à votre existence, lequel choisiriez-vous ? È fatta.
Et un premier mot ? Pourquoi pas ?!
Êtes-vous plutôt errant ou rectiligne ? Entre ras des pâquerettes et clef de voûte. Constamment.
L’inspiration a-t-elle un visage, existe-t-elle seulement ? Fugace ou tenace, cabotine ou sincère, fraternelle ou hostile, divine ou ex nihilo, elle est là, elle existe. Je l’ai rencontrée. Elle ne m’a jamais lâché la main. C’est peutêtre ma meilleure amie.
Pour votre tête-à-tête avec un autre écrivain (vivant ou mort), qui inviteriez-vous ? Moïse. Premier scripteur de la Bible. J’ai deux mots à lui dire. Et lui, a des comptes à nous rendre, me semble-t-il.
Votre existence est-elle le roman que vous espériez ? Ciel ! Que la poésie est belle ! Mais… qui fait la vaisselle ?
Quel livre auriez-vous voulu écrire vous-même ? Ah ! Mon impossibilité de choisir… Soit Les Rougon-Macquart, ou Les Misérables. Soit un minus recueil de maximes. La Rochefoucauld ou Oscar Wilde.
Un poème que vous connaissez par cœur ? L’espérance d’Andrée Chédid dont les paroles me bercent avant de m’endormir. L’Albatros de Baudelaire : « Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle ».
Un personnage de pièce de théâtre que vous pourriez incarner ? Aucun ne me vient à l’esprit. Mais je me réjouirais de dire les didascalies… Si vous le permettez.
Le personnage que vous seriez dans votre récit ? Lucie. 20 ans. Indépendante. Responsable de son corps, son esprit, ses jours, ses nuits, ses fantasmes, ses folies.
Celui que vous ne voudriez pas rencontrer ? Une sale ordure, maître de Certigny, que Lucie finira par liquider. Opération mani puliti. Je me décharge sur elle, en bonne Pygmalionne.
Ce qui vous ferait renoncer à l’écriture ? Sur mon lit de mort, peut-être écrirais-je : « Gracias a la vida/Que me ha dado tanto » ?
Votre premier écrit ? Journal d’adolescence.
Votre dernière ligne ? Carpe diem.
Le lecteur que vous aimeriez avoir ? Tous les lecteurs et toutes les lectrices sont les bienvenu. e. s (un peu d’écriture inclusive ne m’aurait pas fait de mal, comme disait ma grand-mère analphabète).
Celui que vous fuyez ? La lectrice qui, lors de mon premier Salon du Livre de Nancy, m’a dit – d’un air écœuré : « Qui voulez-vous qui lise ça ? »
Roman, paru le 25 avril 2024.
Ce que la lecture fait aux femmes
* Une gamine en socquettes blanches rêve de lire L’Amant de lady Chatterley.
* Une lycéenne a besoin d’un bon vieux rhum pour accompagner la lecture de Madame Bovary.
* Une vieille fille offre aux jeunes marié. e. s un memento « mari », après avoir lu le Bréviaire politique de Mazarin.
* En lisant Comment Proust peut changer votre vie d’Alain de Botton, elle s’est demandé ce qu’elle ferait s’il lui restait 48 heures à vivre.
* Ce vieil ami lui dit après avoir lu Passion simple : « elle ne pense qu’à se faire tringler ». Ah oui !
* À 32 ans, deux mois et cinq jours, elle a lu La Femme gelée. À 32 ans ½ et quelques heures, elle a pris ses enfants par la main et elle est partie. *… Et lorsque Mireille lit pour la première fois Une femme d’Annie Ernaux, cela lui a fait l’effet d’un caramel beurre salé. Vous savez, vous trempez la cuillère et vous ne pouvez plus vous en passer. Le jour où Stockholm lui attribue le Nobel de littérature, Mireille pense à Olympe de Gouges « Femmes, ne serait-il pas grand temps qu’il se fît aussi parmi nous une révolution ? »
43 textes savoureux, loufoques, ironiques, vachards, scrupuleux, tendres, intenses, graves, sérieux, réfléchis, studieux, graveleux… pot-pourri dans ce grand bazar de la vie où, le meilleur, voisine avec le pire, tirant à hue et à dia un centre qui tente de faire tenir l’équilibre.
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